Se sentant rejetés par les Alliés, les Allemands vont signer avec l’URSS l’accord de Rapallo par lequel ils établissent des relations économiques. Ces deux grandes nations, exclues de la Société des Nations, ont joué là un mauvais tours aux Alliés  !

Mais en Allemagne la situation économique ne s’arrange pas. Les chômeurs et délaissés viennent grossir les groupuscules nationalistes qui en juin 1922 assassinent Rathenau, le ministre des Affaires étrangères allemand, comme complice des communistes.

Les Anglais proposent alors un ajournement du remboursement de la dette allemande. C’est là que Poincaré va montrer l’étroitesse de son esprit. Considérant que l’Allemagne ne remplit plus ses obligations, il décide en janvier 1923 d’occuper la Ruhr. C’était porter un coup mortel à l’économie allemande. C’était surtout décourager les diplomates allemands favorables à l’exécution du traité de Versailles. «  Après la Ruhr, on n’en trouve plus. L’entrée des troupes françaises a découragé les partis de gauche qui voulaient un rapprochement avec la France. Elle a donné, en revanche, une formidable impulsion au nationalisme allemand  » (Benoît Méchin).

C’est à cette époque que commence la «  carrière  » d’un certain Adolf Hitler, comme par hasard… On ne doit plus s’étonner maintenant de la suite des événements… C’est le contraire qui eût été étonnant  !

Cependant, arrive au pouvoir en Allemagne Gustav Stresemann, nouveau chancelier du Reich. Il comprend que l’obstination est néfaste et réussit à rétablir l’ordre dans le pays et la monnaie.

Briand, réfugié dans sa propriété de Cocherel (Eure) suit tout cela de très près, on s’en doute. Les élections de 1924 amènent au pouvoir le Cartel des Gauches. Le président de la République, Millerand, qui avait pris parti pour la Chambre battue, préfère démissionner que de réaliser une «  cohabitation  » (qui devra attendre encore quelques décennies pour voir le jour en… 1986). Herriot, nouveau président du Conseil, se débarrasse de Briand en l’envoyant représenter la France à la Société des Nations.

Les débuts de la SDN sont difficiles. Les USA, l’URSS, l’Allemagne, n’en font pas partie. Seuls les vainqueurs sont membres de droit de la commission permanente. Les autres pays sont jaloux et demandent la création de sièges semi-permanents, ce qui fait dire à un journaliste en veine d’humour… «  que c’est l’invention la plus remarquable depuis celle des demi-vierges  ».

En France, Painlevé succède à Herriot. Briand est immédiatement appelé au poste de ministre des Affaires étrangères. Il l’occupera pendant 7 ans, jusqu’en 1932. Il va pouvoir reprendre le cours de sa politique interrompue par l’arrivée de Poincaré en 1922. Elle tient en trois points  : établir une alliance durable avec l’Angleterre, se réconcilier avec l’Allemagne, consolider la SDN.

C’est alors que Briand entre en relation avec Stresemann. Ferme défenseur des intérêts de son pays, ce qui est normal, ce dernier Travaillera avec énergie pour une réconciliation vraie entre les deux pays. Les deux hommes se heurteront aux nationalistes de leur pays.

Stresemann souhaite faire revenir son pays «  dans le concert des grandes nations  ». Il propose un pacte d’arbitrage entre les pays concernés par le Rhin  : Allemagne, l’Italie, la France, la Belgique, plus l’Angleterre. Certains considèrent en France que c’est un piège mais Briand «  saisit la perche qui est tendue  ». En signe de bonne volonté, il ordonne l’évacuation de la Ruhr en 1925. Le traité est signé la même année à Locarno. Il décide l’inviolabilité des frontières entre la France et les autres pays et prévoit des arbitrages permettant de régler d’une façon pacifique tout différend entre les trois pays.

Il faut maintenant faire ratifier ce texte par les pays respectifs. En France, Briand est accusé de s’être compromis avec «  les hobereaux prussiens et les banquiers anglo-saxons  » et «  jeté dans les bras des Boches  ». Il prononce devant la Chambre des députés l’un de ses plus beaux discours, acclamé à la fin par l’ensemble des députés qui votent la ratification du traité de Locarno en février 1926.

En Allemagne Stresemann doit expliquer à ses adversaires que ce traité constitue une première brèche dans le diktat de Versailles. Le traité est ratifié à une faible majorité. L’Allemagne est admise à la SDN. A cette occasion, Briand prononce un discours qui se termine par ces mots  :  «  Arrière les fusils, les mitrailleuses et les canons  ! Place à l’arbitrage, à la conciliation et à la paix.  »

Briand et Stresemann se retrouvent à Thoiry en Suisse. Briand en profite pour demander à l’Allemagne d’avancer le paiement de sa dette pour soulager la France en proie à une grave crise financière. Stresemann, qui n’est pas contre, réclame en échange l’évacuation de la Rhénanie, le retour de la Sarre et de ses colonies. C’est beaucoup pour Poincaré, président du Conseil… Briand doit donc s’aligner sur la politique de fermeté du gouvernement.

Cependant en décembre 1926 Briand et Stresemann reçoivent le prix Nobel de la paix. L’année suivante, 10è anniversaire de l’entrée en guerre des USA, Briand se rend en Amérique avec l’idée de faire mettre la guerre hors la loi par tous les pays du monde. Le «  Pacte Briand-Kellogg  » est signé en 1928. Il est écrit que les peuples «  condamnent le recours à la guerre pour le règlement de controverses internationales  ». Ce pacte sera signé par 57 nations, dont l’URSS.

 

Sur ces bonnes paroles, à plus...

 

 

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