Et maintenant, un peu d'Histoire. Savez-vous qu'on a déjà parlé de la communauté économique européenne, plus communément appelé "le Marché Commun", il y a quelques décennies ? J'ai trouvé ces renseignements dans le livre de Serge Malfois : «  L’Europe inachevée d’Aristide Briand  »

Je voulais, comme d"habitude, que vous le sussiez... et bien évidemment, je l'ai réécrit à ma façon...

 

 

C’était à l’occasion d’un mémorandum adressé aux 26 gouvernements des pays européens le 30 mai 1930. Pour donner un signe de bonne volonté, il choisit ce jour pour terminer l’évacuation de la Rhénanie que le Traité de Versailles de 1919 avait décidée en son temps. Hitler la remilitarisera en 1936 la guerre sera alors inéluctable.

Mais elle ne l’était pas encore en 1930  ! Au fond, la seconde guerre mondiale est une conséquence indirecte de ce fameux traité de Versailles. Pourquoi  ? Revenons quelques années en arrière.

La victoire acquise le 11 novembre 1918, est un peu l’œuvre de Clemenceau, surnommé «  Le Père la Victoire  ». Parmi les pays belligérants, c’est la France qui a le plus souffert puisque les combats se sont déroulés sur son sol. La conférence dite «  de la Paix  » s’ouvre le 18 janvier 1919. Tous les pays ayant pris part à cette terrible guerre sont présents. Mais curieusement, les Allemands ne participent pas à cette conférence. Il aurait pourtant été normal qu’ils y participassent, étant les premiers intéressés par les décisions qui allaient être prises…

D’entrée de jeu (si je puis dire…), Clemenceau va se montrer très exigeant. Se sentant porté par tout un peuple assoiffé de vengeance, il exige que l’Allemagne paie au prix fort les réparations qu’elle doit aux alliés, particulièrement à la France où les destructions sont importantes. Il demande aussi la confiscation du riche bassin industriel de la Sarre, au profit de la France bien sûr. Enfin il souhaite que le Rhin devienne une frontière naturelle entre les deux pays. Pour cela il propose que la Rhénanie devienne un état neutre, une sorte de «  Suisse  » entre la France et l’Allemagne afin d’éviter de nouvelles invasions…

Mais Clemenceau se heurte à ses alliés. Les Anglais ne veulent pas d’une Allemagne faible car c’est une cliente potentielle importante pour leurs marchés. De plus dans cette hypothèse, la France prendrait trop d’importance, ce que nos «  amis  » anglais ne veulent pas… Les Américains pour leur part pensent que seule l’Allemagne est capable d’empêcher la propagation des idées révolutionnaires de Lénine. Les autres pays réclament des compensations sous forme de territoires. L’unité est donc loin de régner parmi les alliés, unis dans la guerre, divisés dans la paix…

On se livre donc à un «  savant découpage  » pour satisfaire tout le monde, mais sans tenir compte des populations. Un exemple  : La nouvelle Yougoslavie fait cohabiter les Serbes et les Croates, adversaires pendant la guerre. On sait ce que cela a donné quelques décennies plus tard…

Le traité est enfin rédigé et on demande aux Allemands de venir pour entendre ce qui a été décidé. Ils sont rendus responsables «  de toutes les pertes, de tous les dommages subis par les Alliés au cours de la guerre qui leur a été imposée par l’agression de l’Allemagne et de ses alliés  » (article 231 du traité). L’Allemagne devra donc payer toutes les réparations. On a simplement omis d’en préciser le montant car personne n’est d’accord sur un chiffre… De plus, elle est amputée de la Sarre, dont le bassin minier sera exploité par la France pendant 15 ans. La Haute Silésie riche en charbon est abandonnée à la Pologne.

Ces derniers points seront l’une des causes du désastre économique que va connaître l’Allemagne, suite du krach de 1929 mais plus fort chez elle qu’ailleurs. Ils seront aussi «  le terreau sur lequel va pousser le nationalisme allemand.  »(Serge Malfois).

Le traité est signé en mai. Pour l’Allemagne, c’est un traité honteux et infamant, un «  chiffon de papier  », un «  diktat  »… Amputée de 15% de son territoire et 10% de sa population, les 60 millions d’Allemands qui restent (contre 40 seulement à la France…) vont ruminer leur vengeance. Clemenceau a gagné… Mais en rendant le peuple allemand responsable, il n’apporte pas la paix, mais prépare une nouvelle guerre. «  L’obstination du chef de guerre a fait place à l’aveuglement du vainqueur  » (François Furet). L’avenir, hélas, le démontrera tragiquement.

Briand quant à lui avait gouverné la France pendant 17 mois de guerre, d’octobre 1915 à mars 1916. Il fut remplacé par Clemenceau et c’est ce dernier qui ramassa tous les lauriers de la victoire… Mais lorsqu’il voulut devenir président de la République en 1920, Briand œuvra dans l’ombre pour qu’il ne soit pas élu…

Briand est nommé président du Conseil en janvier 1921. Il hérite donc du traité de Versailles. Pourtant il est resté entièrement étranger à sa négociation. Il n’était plus ministre, Clemenceau ne l’aimait pas. Tout de suite, Briand se rend compte de l’extrême sévérité du traité. Mais en tant que président du Conseil, il ne peut désavouer la politique du gouvernement précédent. Il louvoie donc…

L’accord de Wiesbaden avec l’Allemagne prévoit que cette dernière fournira à la France du matériel et de la main-d’œuvre. En 1922, Briand et Lloyd George, 1er ministre anglais, se retrouvent à Cannes pour revoir «  à la baisse  » la dette de l’Allemagne. Mais ses ennemis vont l’accuser d’avoir trahi la France. Il est remplacé à la présidence du Conseil par Poincaré, l’ancien président de la République. Patriote certes, mais avec «  l’étroitesse de vue d’un petit bourgeois français  » (Raymond Hesse), il mène une politique contraire à celle de Briand. Nouvelle erreur… (il y en a eu tellement que je ne les ai pas comptées…). L’Allemagne va émettre de plus en plus de papier-monnaie et c’est l’inflation avec ses conséquences sociales dramatiques…

(à suivre)

 

 

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