Changeons de registre... Les contes... vous connaissez ? Alors comptez sur moi !

 

Il était une fois un jeune garçon qui marchait vivement sur une route de campagne, s'aidant d'un solide gourdin pour écarter aussi bien les pierres du chemin que les malandrins qui auraient tenté de l'arrêter. On devinait en lui une très grande détermination. Il ne savait pas où il allait, mais il y allait résolument. Une musette en tissu marron lui battait les flancs mais il n'y prenait garde.

Au loin on devinait la masse compacte d'une forêt. Il y arriva bientôt et s'y engagea sans ralentir le pas. Peu à peu le chemin rétrécissait pour devenir un sentier. Le soir tombait, bientôt il fit complètement nuit. La lune était pleine et quelques rayons argentés se glissaient à travers le feuillage, dispensant une faible lueur suffisante pour les yeux avertis du jeune homme.

Il s'assit sur le tronc d'un arbre mort, sortit de sa musette un quignon de pain rassis et un morceau de fromage qui ne l'était pas moins... et y planta les dents : marcher ainsi donne faim !

Soudain, il sentit qu'il était épié. Il ne broncha pas, continuant son frugal repas. Au bout de quelques minutes, il lança :

-Voulez-vous partager mon repas ? Il n'est pas bien copieux mais il ne sera pas dit que Jean-Marie Labistrac laisse quelqu'un le regarder manger sans lui proposer de l'accompagner. Je vous attends !

Des minutes passèrent encore.

-J'attends ! Fit le jeune homme.

-Je... je suis là !... fit une petite voix tout près de lui.

-Où cela ? Je ne vois rien !

-Jute devant vous... Me voyez-vous maintenant ?

En face de lui, il distingua alors un petit homme habillé d'une drôle de façon et qui paraissait enveloppé d'un halo de lumière.

-J'ai allumé pour que vous me voyiez !

-C'est Jean-Marie qui fut surpris.

-Vous avez... allumé ? Fit-il de l'air de celui qui ne comprend pas bien.

-Oui... ainsi vous pouvez me voir. Sinon, je reste dans l'obscurité. Mais comme vous m'avez gentiment invité, me voilà ! Voyons... qu'avez-vous à manger ? De pain rassis et du fromage sec... Cela n'est guère engageant... Permettez-moi de vous inviter à mon tour.

Le petit homme fit quelques signes, le sol se couvrit de mets tous aussi appétissants les uns que les autres, tandis qu'une lumière d'un beau jaune d'or les enveloppait tous les deux.

-Ah ! Fit le petit homme, voilà qui est mieux ! Choisissez !

-C'est que... j'ai le gosier bien sec.. car manger un croûton de pain sec donne soif !

-Vous avez raison... Que préférez-vous ? Vin de Bordeaux, de Bourgogne, d'Alsace ? ... Mais pour étancher votre soif, que diriez-vous d'un Champagne léger et bien frappé ?

-Ma foi...

Jean-Marie commençait à ne s'étonner de rien.

-Je rêve se dit-il... je vais me réveiller bientôt...

Mais le bruit caractéristique d'un bouchon de champagne qui saute lui indiqua qu'il ne rêvait pas... Tout était réel et la vue des plats qui couvraient le sol lui sembla fort alléchante...

-Servez-vous ! Vous êtes mon invité.

Jean-Marie mangea et but copieusement tandis que le petit homme le regardait en souriant.

-Vous ne mangez pas ? Fit Jean-Marie la bouche pleine.

-Non... vous regarder manger et boire me nourrit suffisamment !...

Quand il eut terminé, il s'essuya la bouche d'un revers de manche et demanda :

-Et maintenant, que faisons-nous ?

-Où alliez-vous ? Demanda le lutin (car vous avez deviné que c'en était un...).

-Nulle part en particulier...

-C'est là que je vais également !

-Alors, allons-y !

Ils marchèrent ainsi pendant une bonne heure. Bien qu'il fît nuit, ils voyaient comme en plein jour : le sentier était parsemé de petites lumières qui s'allumaient dès qu'ils s'approchaient et s'éteignaient quand ils étaient passés.

Soudain, une chouette passa devant eux, les frôlant de ses ailes duveteuses.

-Elle aurait pu faire attention ! Fit Jean-Marie : elle a failli m'éborgner.

-Je vous demande de l'excuser... C'est un ami qui veut faire son intéressant... dit le lutin.

-Cette chouette... un ami ?...

-Certes ! Tous les animaux de la forêt sont mes amis !

Ils poursuivirent leur chemin.

-Ne vous arrive-t-il pas d'être fatigué ? Fit Jean-Marie à son camarade de marche.

-Fatigué, moi ?... Jamais ! Mais vous peut-être... Reposons-nous ici !

Il désigna un endroit moussu et ils s'assirent.

-Tiens ! Fit Jean-Marie en désignant le sol... qu'est-ce ceci ?

 

(à suivre...)


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