Amusons-nous un peu...

L'air était calme. Aucun souffle de vent ne venait troubler un ciel où passaient quelques légers nuages floconneux.

Un petit courant d'air en profita pour jouer la fille de l'air. Il en avait assez des promesses en l'air de son père, un air austère qui portait bien son nom : l’air Martial.

- « Je t'emmènerai respirer l'air pur de la montagne, lui avait-il dit.

Mais comme rien ne venait, il décida de partir. Il profita d'un trou d'air et se retrouva dans un monde nouveau. Déjà, il regrettait sa fugue. Pourtant, il était libre comme l'air.

- De quoi ai-je l'air ? fit-il vaguement inquiet, je ne connais personne. Mais, n'ayons l'air de rien. Prenons un air détaché, ajouta-t-il d'un air entendu.

Il cheminait entre deux rangées de grands arbres. Une brise légère faisait frissonner les feuilles. Une jeune fille s'avançait vers lui. Arrivée à sa hauteur, elle s'arrêta et lui dit d'un air aimable :

- Qui es-tu, toi ? Je ne t'ai jamais vu. Tu as un drôle d'air.

- Je suis un petit courant d'air échappé d'une chambre. Et vous, qui êtes-vous ?

- Je suis une hôtesse de l'air. Je sais, habillée ainsi, je n'en ai pas l'air.

- Il faut avoir l'air de ce qu'on est ? Ne dirait-on pas que je suis une tête en l'air pour avoir voulu changer d'air, fit le petit courant d'air d'un air triste.

- Non, fit l'hôtesse, tu as l'air comme il faut. Mais ne sois pas si crispé : on dirait de l'air comprimé ! Détends-toi !

Le petit courant d'air prit un air convenu.

- Là, rit l'hôtesse, on dirait de l'air conditionné. Prends un air naturel !

- Ce n'est pas courant chez nous. On ne trouve que des grands airs, des faux airs, des airs pincés, des airs penchés, des airs sucrés. C'est pourquoi j'ai voulu envoyer tout ça en l'air et prendre l'air. Mais je me demande si j'ai bien fait. De quoi vais-je vivre ? De l'air du temps? Je n'ai même plus un coussin d'air pour m'asseoir, ou à la rigueur un nuage : ils sont bien trop hauts !

- Tu as l'air bien sérieux !

- Vous avez l'air de me le reprocher. Est-ce mal ?

- Non bien sûr, mais un peu de gaieté vous rend de bonne humeur ! La vie est belle ! Le soleil brille ! Chante donc un peu.

- Quel air voulez-vous que je siffle ?

- Tu sais siffler ?

- Evidemment, comme tous les courants d'air. Mais je ne vois pas de volets disjoints…

- Pourquoi veux-tu des volets disjoints ?…..Nous ne sommes encore que le 3 avril !

- Vous… vous êtes drôle ! Eh bien, j’ai lu ceci dans un livre : le vent souffle habituellement, n’est-ce pas ? Eh bien ! il siffle dans les volets disjoints ! Mais excusez-moi, je me sens gêné, je manque d'air. Ce doit être le mal de l'air. C'est notre mal du pays.

- Tu ne manques pourtant pas d'air !

- Adieu, hôtesse de l'air, je vais retrouver mes frères dans les airs.

Il disparut dans l'azur comme une flèche.

- Décidément, fit l'hôtesse, il ne tient pas en place. Un vrai courant d'air ! »

Allez, à plus...

 

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