Voici un aperçu de la façon dont les enfants étaient instruits autrefois, disons vers la fin du XIXè siècle... J'ai trouvé ces renseignements dans le livre d'Annie Leseigneur : "Enfants d'autrefois", Association pour la valorisation du patrimoine normand, 1992.

L'école a bien changé, dans le fond comme dans la forme. C'est sans doute mieux ainsi... C'est le progrès. Vous verrez ce à quoi vous avez échappé...

 

Autrefois dans les campagnes, il n'était pas rares que certains élèves fassent plusieurs kilomètres à pied pour se rendre à l'école du bourg, été comme hiver, qu'il pleuve, qu'il gèle ou qu'il vente. Enveloppés dans leur lourde pèlerine à capuchon, ils bravaient les intempéries car il n'était pas question de manquer l'école !

La rentrée était fixée à 9 heures l'hiver, 8 heures et demie l'été. On « marchait » alors au soleil. En arrivant en classe les mois d'hiver, la chaleur du gros poêle en fonte réchauffait les doigts gourds. C'était le plus souvent le maître qui l'allumait de bonne heure, aidé par des élèves habitant près de l'école. Il fonctionnait au bois et il fallait l'alimenter sans arrêt sous peine de le voir s'éteindre. La commune fournissait habituellement le bois.

Mais avant toute chose, il y avait l'inspection des mains. La propreté n'était pas un vain mot dans les écoles de la IIIè République ! Ceux qui présentaient des mains sales, outre les coups de règle sur les doigts, devaient aller les laver à l'eau glacée de la fontaine.

Puis chacun regagnait sa place en silence. Elle dépendait du classement mensuel : les premiers devant, puis les autres derrière dans l'ordre. On pouvait ainsi changer de place plusieurs fois dans l'année. Cela créait une sorte d'émulation... ou de rivalité...

On rangeait ensuite ce qui se trouvait dans le cartable, appelé plus couramment gibecière (bien qu'aucun gibier n'y figurât !) ou encore la carte : un cahier, quelques livres, un plumier en bois et une ardoise en carton bouilli.

La tenue des élèves ne tolérait aucune fantaisie : sarrau noir avec une ceinture piquée nouée par derrière (c'est ce qui distingue le sarrau de la blouse, qui elle s'attache par devant ; les élèves y auront droit... beaucoup plus tard), béret ou casquette sur la tête et grosses galoches aux pieds. Ces dernières avaient des semelles de bois, ferrées pour éviter qu'elles ne s'usent trop vite, avec des clous « becquet » et des « caboches » aux talons, et un féret en tôle noire à l'autre bout. Par temps de neige, certains enfilaient des sabots de bois, des « tinettes », dans lesquels ils mettaient de la paille de seigle tressée pour avoir plus chaud.

La journée de travail pouvait commencer... Elle débutait toujours par une leçon de morale. Une phrase en forme de maxime avait été écrite au tableau. « L'oisiveté est la mère de tous les vices ». Ou « L'alcool produit sur l'homme ce que le fouet produit sur le cheval. » Ou encore « Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger. » La panoplie des phrases moralisatrices était très large... Il s'agissait d'apprendre aux enfants la propreté, la politesse, la bonne tenue, les bienfaits du travail, les méfaits de l'alcoolisme et de la paresse.

Les leçons proprement dites pouvaient venir après cette entrée en matière... Si c'était une classe unique comportant tous les cours, fréquente dans les campagnes à cette époque, le maître donnait la leçon de lecture aux petits du Cours préparatoire tandis que les plus grands faisaient des exercices choisis dans leur livre ou copiés au tableau. La dictée était un exercice quotidien. Ce n'était pas la dictée dite « de Pivot »... mais si elle était donnée actuellement à des élèves d'âge équivalent, combien de fautes feraient-ils ? Quant aux problèmes de calcul... Le mieux est de vous en proposer un de niveau de Cours Moyen (2 quand même...)

« Un cultivateur veut empierrer un chemin d'une longueur de 2 km et une largeur de 6,50 m. Pour cela il utilise de la pierre cassée qui coûte 5,50 F le m³. Quelle sera la dépense si l'épaisseur de l'empierrement est de 25 cm ? » Difficile, n'est-ce pas ? Ces problèmes sont le reflet des préoccupations de l'époque. (j'attends la réponse !)

En Histoire, une part belle est faite à la revanche contre les Prussiens qui nous ont pris l'Alsace-Lorraine. Un livre était très prisé à l'époque : « Le tour de France par deux enfants » de G. Bruno (pseudonyme d'Augustine Fouillée). Ce livre concernait la formation civique, géographique, scientifique, historique et morale de la jeunesse. Il sera utilisé jusque dans les années 1950 et sera vendu à des millions d'exemplaires.

Les activités pratiques n'étaient pas oubliées puisqu'on apprenait aux élèves des choses qui leur serviraient plus tard comme greffer des arbres, jardiner, cela dans les campagnes bien sûr. Au bord de la mer les activités maritimes étaient privilégiées.

Le maître était sévère mais respecté par tous car juste. Il ne supportait pas le travail bâclé, mal présenté, sale. La principale punition consistait à copier des lignes un certain nombre de fois mais d'une façon impeccable. Les mots fautifs de la dictée étaient recopiés 100 ou même 200 fois. Et il était hors de question de se plaindre à ses parents...

Le soir il fallait rentrer à la maison dans les mêmes conditions que le matin, à moins que le temps n'ait changé. Il y avait alors les devoirs à faire et les leçons à apprendre. N'oublions pas les petits services que les enfants devaient rendre aux parents (aller chercher l'herbe pour les lapins le long des routes... par exemple...). N'est-ce pas plus profitable que de s'installer devant la télé pour regarder... des niaiseries ?

Je vous le demande !

 

Allez, à plus !

 

 

 

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