Voici une histoire étrange que j'ai découverte dans le livre de Guy Breton et Louis Pauwels " Histoires magiques de l'Histoire de France " tome 2, de Guy Breton et Louis Pauwels, Omnibus, 1999. Je l'ai réécrite comme je le fais habituellement pour qu'elle soit publiée dans l'Almanach de l'Orléanais il y a quelques années...

 

Je vais vous parler des coïncidences. Il s'agit d'événements qui arrivent ensemble par hasard. On les qualifie fréquemment d'étonnants, de curieux, de remarquables, d'étranges... et en tous les cas jamais naturels ni normaux. Qui n'a pas été le témoin de pareils faits ? Il est vrai qu'il existe des coïncidences plus troublantes les unes que les autres, comme si le destin s'amusait à nous faire un signe que nous ne pouvons pas comprendre ou traduire. On les appelle coïncidences exagérées.

D'ailleurs, le hasard existe-t-il ? Bonne question... Si le hasard n'existe pas, les coïncidences non plus... disons alors que les coïncidences constituent un message, un avertissement... mais personne ne peut le décrypter... Voici un exemple de coïncidence exagérée...

Emile Deschamps fut un poète élégant et gracieux, l'un des premiers représentants du mouvement romantique avec Hugo et bien d'autres. Il était alors en pension à Orléans, nous étions au début du 1er Empire.

Un jour, l'un de ses camarades d'école lui dit :

- « Mon oncle organise une petite fête pour mon anniversaire. Je t'y invite, il y aura des jeux et un goûter...

Enchanté à l'idée de quitter la pension ne serait-ce que le temps d'un goûter, Emile Deschamps accepte l'invitation et le jeudi suivant, se rend avec d'autres camarades chez M. de Fongibeau, qui avait émigré au moment de la Révolution et venait de rentrer d'Angleterre depuis peu.

Vers 4 heures, on sert aux jeunes invités un plum-pudding excellent, qui est le dessert traditionnel anglais de Noël, et pratiquement inconnu en France à cette époque. Les enfants se régalent et Deschamps en garde un souvenir ébloui.

Dix ans plus tard, Deschamps se trouve dans un restaurant du boulevard Poissonnière à Paris. Sur la table des desserts, il remarque un superbe plum-pudding. Le souvenir de l'excellente journée passée chez M. de Fongibeau lui revient en mémoire. Il n'en a jamais mangé depuis, il commande donc un morceau de ce gâteau.

  • - Hélas c'est impossible ! dit le serveur, ce gâteau est entièrement retenu... Je suis désolé...

Devant lair déçu du jeune homme, la caissière décide de l'aider. De sa place, elle s'adresse à un client qui se trouve non loin de là.

- Monsieur de Fongibaud, auriez-vous l'amabilité de permettre à ce jeune homme de prendre un morceau de votre plum-pudding ?

A ces mots, Deschamps se retourne et aperçoit avec stupeur un vieux monsieur qui dîne à une table voisine, en qui il reconnaît le châtelain chez qui est allé autrefois à Orléans.

- Mais avec plaisir ! Répond le vieil homme. Servez donc une part de plum-pudding à ce jeune homme !

Deschamps remercie, mais ne se fait pas connaître. Et les années passent... Emile Deschamps a oublié le plum-pudding de M. de Fongibaud... C'est maintenant un poète reconnu. Il est invité un jour à dîner par une dame qui lui dit :

-Cher maître, si vous me faites le plaisir et l'honneur de venir vendredi soir prochain, vous dégusterez un véritable plum-pudding anglais !

- Un plum-pudding ! S'exclame Deschamps... Alors, chère Madame, il est certain que M. de Fongibaud sera là !

- Qui est ce monsieur ? Interroge la dame. Je ne connais personne de ce nom !

- C'est un vieux monsieur qui est toujours là dès qu'il est question de plum-pudding !

Et Deschamps raconte ses deux précédentes rencontres.

- Hélas pour vous, dit la dame, j'ai bien peur que cette fois il n'y ait pas de M. de Fongibaud !

Le jour du repas arrive. Tout le monde est à table autour d'un superbe plum-pudding. Il est 9 h du soir. Soudain, le domestique entre et annonce d'une voix forte :

-  Monsieur de Fongibaud !

  • Les convives voient alors entrer un vieillard qui regarde tout le monde comme s'il cherchait un visage familier. Emile Deschamps reconnaît avec effarement M. de Fongibaud. C'est bien lui ! Il croit tout d'abord à une plaisanterie de la maîtresse de maison, mais devant l'air ahuri des convives, il doit admettre qu'il n'en est rien.

Elle demande au vieillard ce qu'il veut. M. de Fongibaud explique qu'il est invité à dîner chez le comte de Clermont.

  • - Ah ! Ce n'est pas ici ! s'exclame la dame, c'est juste à l'étage au-dessus !

Ainsi, par un hasard extraordinaire, M. de Fongibaud était invité le même soir chez un autre locataire de l'immeuble, et s'est trompé d'étage pour pénétrer là précisément où Emile Deschamps s'apprêtait à manger du plum-pudding !

Si cela n'est pas une coïncidence stupéfiante... Trois fois du plum-pudding dans la vie de Deschamps et trois fois M. de Fongibaud en même temps... Cela doit bien signifier quelque chose... mais quoi ?...

Allez, à plus !

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